Court traité de résilience urbaine


Au cœur des valeurs qui constituent le paradigme de Dernier Kilomètre se trouve le concept de ville résiliente. La résilience caractérise en premier lieu la capacité d’un matériau à résister à un choc, d’un organisme à dépasser un traumatisme et par extension la capacité d’un organisme à surmonter de profonds changements.

Un organisme parfaitement adapté s’éliminerait à la moindre variation du milieu. Par bonheur, la souffrance et la frayeur lui offrent la survie.

B. Cyrulnik, L’ensorcellement du monde, Odile Jacob

Si le concept de résilience urbaine a fait florès ces dernières années, c’est en réponse à la multiplication de catastrophes naturelles subies par des aires urbaines à travers le monde : tsunami, inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques… et à la nécessité de penser des villes qui soient en mesure de retrouver un fonctionnement le plus normal possible le plus rapidement possible à l’issue de ces évènements tragiques.

Si cette notion est importante, elle est significative d’une vision « court-termiste » de la ville, et d’un penchant à panser des plaies qu’on imagine inévitables, à réparer des erreurs passées d’aménagement ou d’anticipation. L’on sait également – et malheureusement -, aujourd’hui, que la reconstruction, physique et sociale, d’un territoire après une catastrophe est positif pour la croissance du PIB.

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Il semble néanmoins primordial et prioritaire de préparer nos villes à un plus grand traumatisme, moins spectaculaire, moins immédiat mais bien plus conséquent pour leur devenir. On sait en effet qu’on se dirige inéluctablement vers une raréfaction de ressources non renouvelables, que ce soit le pétrole mais aussi les métaux rares. L’urbanisme résilient se doit donc de mettre en place dès aujourd’hui une ville qui soit capable de fonctionner sans ces précieux (et encore indispensables) apports, mais qui dans le même temps, par une indépendance accrue, un fonctionnement low-tech, sobre et résilient, ralentisse la raréfaction programmée de ces ressources. 

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Quelques pistes

  • Penser une ville marchable et cyclable et organisée pour faire la part belle aux déplacements ne nécessitant aucune source d’énergie extérieure à l’énergie humaine.
  • Organiser la toile alimentaire du territoire pour permettre l’autonomie des villes sur le plan de la production et la distribution de biens alimentaires.
  • Favoriser la modularité des espaces pour limiter la construction à tout crin, et réhabiliter les friches et les bâtiments usés.
  • Dés-écraniser l’information, et plus globalement, désintoxiquer la ville du recours à la technologie pour privilégier un urbanisme open-source et participatif.
  • Permettre le retour de la nature en ville.
  • Développer l’autonomie énergétique et un égal accès aux ressources (l’eau, notamment).

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Ce ne sont là que quelques idées directrices de ce que sera une ville résiliente et post-carbonée. Tout cela devra se faire bien entendu dans un esprit de démocratie le plus complet et transparent possible, en rendant les citoyens, habitants et usagers de la ville acteurs des décisions, des choix, des débats et de la production des espaces, permettant l’émergence d’un urbanisme des communs.

 

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Il faut ajouter à cela le risque d’une montée des eaux – liée au choc climatique – condamnant une partie des villes littorales et fluviales à la submersion. Mais, assez d’angoisse pour cette fois : le devenir de nos villes est entre nos mains, et il sera résilient si nous nous y prenons dès maintenant ! 

 

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